Le puits du prophète Moïse et ses souvenirs en Egypte

Jeudi 14 Février 2019-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Moïse est né en Egypte et y a passé toute sa jeunesse. Un puits, au Vieux Caire, garde le souvenir de ce prophète vénéré par les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs. Le Vieux-Caire garde encore le souvenir des prophètes Jérémie et Elie.

 

Le Pape Jean-Paul II est venu dans la région sur les traces de Moïse au Sinaï en Egypte et au Mont Nebo en Jordanie. Il aurait pu aussi trouver des traces de Moïse au Vieux-Caire et à Méadi.

Derrière la synagogue juive de Ben Ezra au Vieux-Caire se trouve le puits de Moïse. Depuis le XIIème siècle, cette ancienne église copte de Saint Michel est devenue synagogue. Là Moïse venait prier et le prophète Elie y serait apparu.

Vers 1250 avant Jésus-Christ, Moïse venait se retirer en ce lieu pour prier. Il s'abreuvait avec l'eau du puits. Avant de quitter l'Egypte, Moïse vint en ce lieu pour y prier une dernière fois.

Par la suite, une synagogue portant le nom de Jérémie fut construite en ce lieu, car ce prophète serait venu aussi faire ses dévotions en cet endroit lors de son exil en Egypte.

En effet, en 585 avant Jésus-Christ, Jérémie quitta son pays, ne pouvant plus y vivre en paix, et vint se réfugier en Egypte avec ses compagnons. Il s’installa à Taphnis, encore appelé Daphnae ou Tel Defenneh à 13 kilomètres 500 à l’ouest du Canal de Suez non loin de la ville d’El-Qantara. Taphnis était une ancienne cité pharaonique. Ce fut là que Jérémie écrivit la plupart de ses livres, ou du moins les dicta à son secrétaire Barouk. Son livre des “Lamentations” semble avoir été écrit à Taphnis, car il révèle les sentiments d’un exilé, de celui qui souffre et se lamente sur ce qu’il a perdu.

Jérémie se lamentait si bien qu’il était devenu odieux à ses compatriotes qui le lapidèrent en 583, du moins selon certaines traditions. Il fut enterré sur place et son tombeau devint, par la suite, un lieu de pèlerinage. La poussière prise sur la tombe servait à éloigner les aspics et les crocodiles et aussi à s’en protéger.

Plus tard, après la fondation d’Alexandrie en 331 avant Jésus-Christ, Alexandre le Grand fit transporter les restes du prophète Jérémie dans sa nouvelle cité et ils furent déposés sous le portique du Tétrapyle, situé sur la grande artère de la ville allant d’est en ouest.

Lors de leur invasion de l'Egypte, en 30 avant Jésus-Christ, les Romains détruisirent cette synagogue de Jérémie. A la suite de l'invasion arabe, au VIIème siècles, les Coptes obtinrent du général arabe Amr Ibn El-As, l'autorisation de construire une église en ce lieu.

En l'année 1115 le grand rabbin Abraham Ben Ezra vint de Jérusalem en Egypte. Il se rendit sur le lieu où Moïse et Jérémie avaient fait leurs dévotions. Il s'adressa aux autorités fatimides et leur fit part de ce qu'il savait sur l'emplacement de l'ancienne synagogue en revendiquant le droit d'entrer en possession du terrain.

Le patriarche copte orthodoxe d'Alexandrie de l'époque, Macarios II, le 69ème successeur de Saint Marc, donna son assentiment. Ben Ezra transforma l'église en synagogue et c'est pour cela qu'elle porte son nom. En échange, il aurait donné au patriarche copte une caisse de 12 kilos d'or.

Sur les bords du Nil, à Méadi, il existe une très ancienne église dédiée à la Vierge Marie dans le petit couvent d’El-Adouyeh. Cette église fut construite au IVème siècle pour conserver le souvenir de Moïse et de l’embarquement de la Sainte Famille. Ce couvent et cette église furent reconstruits au XVIIIème siècle et restaurés récemment.

Ce fut en ce lieu que Moïse fut sauvé des eaux. Selon le livre de l’Exode, le pharaon d’Egypte ordonna de jeter au Nil tout garçon hébreu nouveau-né afin d’empêcher ce peuple de trop de se développer. Une femme juive mit au monde un fils. Elle le plaça dans une corbeille qu’elle déposa parmi les joncs sur le bord du fleuve. Un jour, la fille du pharaon descendit sur les rives du Nil pour se baigner et elle trouva l’enfant qu’elle adopta. Cet enfant était Moïse et la tradition place cet événement à Méadi au pied de cet escalier qui descend vers le fleuve (Exode 2: 1-10).

Le Coran raconte cette même histoire et ajoute que le coeur de la mère de Moïse fut accablé de douleur en se voyant séparée de son fils. Elle dépêcha sa soeur près de lui. Voyant que le petit Moïse refusait de téter toutes les nourrices égyptiennes, la soeur de Moïse proposa une autre nourrice qui ne fut que la mère de Moïse qui retrouva ainsi son enfant. (Coran 28: 6 et suivants).

Vers 1300 avant Jésus-Christ Moïse, fuyant l’Egypte, arriva au pied de l’Horeb où il épousa une des filles de Jéthro.

Vers 1250, Moïse revint camper au pied de cette même montagne, avec son peuple,  pour y recevoir la Loi de Dieu.

Moïse gardait les troupeaux de son beau-père Jéthro. Ce berger était un fuyard: un jour il avait tué un chef de corvée qui maltraitait l’un de ses compatriotes en Egypte et il s’était enfui dans le Sinaï en emportant avec lui la souffrance de son peuple réduit en esclavage.

C’était un exilé, un être pétri d’attente, qui aperçut un jour “le Buisson qui brûlait sans se consumer”. Et le feu se mit à parler: “Moïse, Moïse, ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. Je suis le Dieu de tes pères...”Moïse se voila le visage, car il craignait de porter son regard sur Dieu.

La voix retentit à nouveau: “J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte et j’ai entendu ses cris sous les coups des chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer... et le faire monter vers une terre spacieuse et fertile, vers une terre ruisselant de lait et de miel”.

Moïse revint alors en Egypte pour faire sortir le peuple hébreu

Au cours de sa pérégrination dans le désert du Sinaï, “Moïse monta sur la montagne de l'Horeb; alors la nuée couvrit la montagne, la gloire de Dieu demeura sur la montagne du Sinaï et la nuée la couvrit pendant six jours. Il appela Moïse le septième jour, du milieu de la nuée. La gloire du Seigneur apparaissait aux fils d’Israël sous l’aspect d’un feu dévorant au sommet de la montagne. Moïse pénétra dans la nuée et il monta sur la montagne. Moïse resta sur la montagne quarante jours et quarante nuits” (Exode 24 :15-18).

Au nord-est de la chapelle se trouve un creux dans le rocher où Moïse se tint quand il vit passer la gloire de Dieu: “Le Seigneur dit: Voici un lieu près de moi. Tu te tiendras sous le rocher. Alors passera ma gloire et de ma main je t’abriterai quand je passerai. Puis, j’écarterai ma main et tu me verras de dos, mais ma face, nul ne peut la voir” (Exode 33 :21-23).

En dessous de la mosquée, au sommet du Mont Moïse, se situe une grotte qui fut pourvue d’une solide voûte en berceau. Ce fut là, selon la tradition, que Moïse passa les quarante jours et quarante nuits. Ce fut encore dans cette grotte que le prophète Elie attendit la manifestation de Dieu.

Plus tard, vers 700, le prophète Elie, fuyant la colère de la reine Jézabel, vint aussi à l’Horeb pour y rencontrer Dieu.

“Elie marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, à l’Horeb. Il arriva là, à la caverne et y passa la nuit. Au matin, le Seigneur lui dit: Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le Seigneur: voici, le Seigneur va passer. Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le Seigneur n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut le feu; le Seigneur n’était pas dans le feu. Et après le feu, le bruissement d’une brise légère. Alors, en l’entendant, Elie se voila le visage avec son manteau; il sortit et se tint à l’entrée de la caverne”. Ce fut alors que Dieu lui parla (1 Rois 9: 8-13).